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Crowdfunding et crowdlending ont un point commun : il s’agit de techniques d’investissement participatif. L’investisseur-internaute peut poursuivre plusieurs objectifs : il fait un don sans attendre de retour, il peut le faire en échange d’un produit ou d’un service à préfinancer, il peut prêter une somme afin de financer un projet ou prendre une participation dans le capital d’une entreprise. Ce sont ces deux dernières situations qui nous intéressent ici. Bien des choses les distinguent et des précisions s’imposent.
Le crowdfunding est un investissement dans une entreprise sous forme de prise de participation au capital. L’investisseur détient alors une partie de l’entreprise sous forme d’actions ou de parts en échange de la somme qu’il a versée. Il s’attend donc à percevoir un dividende ou une plus-value suite à la vente de ses actions.
Le crowdlending est un système est basé sur le principe du prêt rémunéré. L’investisseur finance le projet d’une PME en échange d’un rendement sur son pret. Le financementest ouvert sur une période de levée de fonds définie. Le crowdlending est donc un moyen de financement alternatif au secteur bancaire. Pour l’investisseur, le prêt donne un accès direct à la société à un taux rémunérateur.
Le rendement, les profils des émetteurs,la nature de l’instrument, le ticket moyen, la fiscalité, …sont autant de particularités qui font de ces deux types d’investissements capital ou dette des choix réellement différents.
En Belgique, la FSMA (Financial Services & Markets Authority) a agréé plusieurs opérateurs. Il y a tout d’abord les 7 plateformes de financement alternatif de droit belge qui sont Lookandfin.com, Ecconova.com, Beebonds.com, Spreds.com, be.lita.co, Winwinner.be et Participate Today. Ensuite, existe aussi Bolero-crowdfunding.be qui est un service de financement alternatif offert par une banque belge (KBC). Pour mémoire, la FSMA reprend encore 3 autres intervenants du droit d’un autre état membre de l’Espace Economique Européen, actuellementpeu actifs : Raizers.com (FR), Crowdcube (GB) et Hands-on (NL).
Ces différents acteurs peuvent donc faire appel à l’épargne publiquedans le cadre de leurs activités.
Aujourd’hui, les plateformes digitales sont devenues la norme, les entreprises et leurs projets y sont présentés de façon compréhensible. L’accès à l’investissement est simple, transparentet efficace. La sélection, l’audit et le rating des projets des entreprisessont pris en charge par la plateforme. Elle met à l’étalage les opportunités d’investissement. L’investisseur n’a plus qu’à faire son marché, et à cliquer pour investir après s’être créé un compte. Les projets sont présentés sous forme defiche avec mention du rendement(3à 12%, en fonction du risque) et de la durée (de 6 mois à 5 ans en général).
C’est donc une belle opportunité pour l’épargnant investisseur de pouvoir obtenir des rendements attrayants en investissant directement dans un projetou une sociétéqu’il sélectionne. C’est un acte de participation directe à l’économie. Un principe de prudence reste toutefois d’application: la diversification. Compte tenu du seuil souvent très bas d’investissement (parfois moins de 1000€), il est aisé de procéder à une gestion prudente et active des sommes investies.Il faut garder à l’esprit que l’épargne passe directement entre les mains d’une entreprise pour couvrir les besoins du projet qu’elle finance. Il y a un risque et il doit être géré!
Les plateformes de crowdlending sont attentives à leurréputation et prennent les dispositions pour analyser avec sérieux les dossiers qui leur sont soumis. Elles documentent l’investissseur de manière précise à l’aide d’une note descriptive financière et note d’information répondant à un prescrit légal, même si elle n’est pas revue par la FSMA.
Se financer auprès d’une plateforme pour une entreprisen’est pas de l’»argent facile». Toutes les plateformes veulent rassurer les investisseurs et font diligence pour obtenir ou réclamer desgaranties, comme les banques. Ici, on peut retrouver par exemple le cautionnement de l’entrepreneur, une cession de créance, un gage fonds de commerce, un mandat ou une hypothèque, une couverture d’assurance-crédit, …
Mais à la différence des banques, les plateformes de crowdlending sont plus volontaires. Elles prêtent au-delà de ce que les banques peuvent offrir et vont même parfois jusqu’à les remplacer dans certains projets. Elles ont chacune leur spécificité. Il est certain aujourd’hui que toutes les plateformes répondent à un double besoin: celui de l’entreprise qui veut trouver son financement ou le diversifier et celui de l’épargnant prêt à investir directement dans les projets qui l’ont convaincu pour rentabiliser son argent.
Le crowdfunding est aussi encouragé fiscalement. Si vous accordez un prêtà une entreprise qui n’existe pas encore depuis 4 ans, vos intérêts seront exonérés de précompte mobilier(30%).Le montant des prêts dont les intérêts sont exonérés d’impôt, est limité à 15.630 euros.Ceux qui prêtent de l’argent, sous forme d’une souscription d’actions, à une PME qui n’existe pas encore depuis 4 ans, bénéficieront d’une réduction d’impôt de 30% sur leur montant investi, et même 45% pour les micro-entreprises, avec un investissement de maximum 100.000€ et l’obligation de conserver ces actions pendant 4 ans minimum.
Les différentes plateformes agréées sont actives en Belgique depuis presque une dizaine d’années avec une croissance régulière. Le journal De Tijd (5/01/21) publie les chiffres suivants pour les deux dernières années:
Même si le montant total des fonds prêtés restent très modestes relatifsaux crédits octroyés par les banques, il en reste pas moins que les plateformes de crowdlending répondent à un besoin non couvert. Elles permettent à de nombreuses entreprises de réaliser leurs projets et ont un rôle sociétal évident. Toutes réunissent autour d’elles une communauté de plusieurs milliers d’investisseurs, particuliers, family officeou institutionnels.
t pourtant, il apparaît aujourd’hui que beaucoup d’investisseurs estiment ne pas être entièrement satisfaits par le nombre de projets à financer. Ceux-ci restent parfois sur leur faim sans pouvoir investir parce que le financement se boucle trop rapidement. C’est quelque part la rançon du succès. Cela démontre à suffisance l’intérêt croissant de ce type d’alternative au financement bancaire classique.
Chez Ernest Partners, plusieurs sociétés nous contactent pour comprendre les opportunités du crowdfunding. Nous estimons que les plateformes vont connaître un engouement considérable dans les années à venir. Et cela de manière similaire a ce qui se passe dans nos pays voisins. Elles répondent à un besoin réel de l’entreprise et de l’épargnant. Leur solution permet une diversification du financement pour l’entreprise et de l’investissement pour l’épargnant qui y trouve un rendement souvent plus intéressant, même si le risque n’est pas à dédaigner.